Le premier budget du gouvernement libéral fédéral de M. Carney, adopté le lundi 27 novembre avec le soutien de factions conservatrices, vertes et néo-démocrates, marque une dangereuse orientation politique. Comme nous le dénonçons depuis des mois, ce budget ne représente rien de moins qu’une avancée vers une économie de guerre, un abandon de souveraineté au profit des intérêts impérialistes américains et occidentaux, un recul sur les engagements climatiques et une vaste offensive contre l’emploi et les services publics. Il s’agit d’un plan d’austérité ciblant délibérément les protections sociales, résumable en une formule simple : l’austérité pour la population, des subventions massives pour le complexe militaro-industriel et les multinationales d’extraction de ressources.
Cette enveloppe colossale, inédite depuis la Seconde Guerre mondiale, équivaut à une subvention déguisée aux multinationales de l’armement des États-Unis et de leurs alliés de l’OTAN, avides d’étendre leur emprise sur les marchés mondiaux. Le gouvernement tente d’ailleurs de brouiller les pistes en évoquant des contrats avec la Suède ou la Corée du Sud, prétendant ainsi diversifier ses sources d’approvisionnement. Toutefois, ces pays sont des alliés stratégiques des États-Unis, dont les équipements sont entièrement intégrés au système de l’OTAN – et dont les chaînes de production restent largement sous contrôle capitalistique américain. Par ailleurs, le MQP rejette fermement l’idée selon laquelle le Canada aurait besoin d’un réarmement. La paix ne se construit pas par la surenchère militaire, mais par une politique extérieure de multilatéralisme et de dialogue, rompant avec l’agressivité de l’OTAN et des États-Unis envers des pays comme la Chine ou la Russie.
Le MQP tient à souligner que ce budget est loin de constituer une forme de « résistance » face à l’administration Trump. Au contraire, c’est sous la pression de ses exigences que le premier ministre Carney a acté l’engagement progressif de 150 milliards de dollars annuels de fonds publics pour l’acquisition d’équipements militaires – soit plus du tiers du budget total de l’État. Dès cette année, cela se traduit par un doublement des dépenses fédérales allouées à l’armée et à l’industrie de l’armement.
Ce budget, qui entérine la militarisation de notre économie sous le diktat de l’OTAN – exigeant que ses membres consacrent 5 % de leur PIB aux dépenses militaires -, s’accompagne mécaniquement d’une austérité brutale : coupes dans les services publics, démantèlement de la santé et de l’éducation, gel des salaires et suppression de 40 000 emplois publics. Tandis que l’État gave les marchands de canons, ce sont les citoyens qui en subiront les conséquences : précarité, manque de logements, écoles délabrées et hôpitaux sous-équipés. Cette dynamique d’économie de guerre se retrouve à tous les niveaux de gouvernement, du fédéral au municipal. Nous pouvons le constater au Québec avec l’arrivée récente du « Centre d’excellence de l’OTAN pour le climat et la sécurité » ainsi qu’avec le projet, annoncé récemment par la mairesse de Montréal, Soraya Martinez, et le premier ministre François Legault :, il s’agit d’accueillir la « Banque internationale de défense », véritable « banque de l’OTAN », à Montréal -– une initiative qui vise à faire du Québec la « Suisse de l’OTAN ».
Face au mépris du gouvernement pour les alertes citoyennes, le fossé se creuse entre les priorités de l’État et les urgences vécues par la population. Le MQP exige en conséquence le retrait immédiat du Canada de l’OTAN, un embargo sur les armes à destination d’Israël et le réinvestissement d’au moins 75 % du budget militaire dans les services publics.
Mouvement québécois pour la paix
Montréal, le 28 novembre 2025

