Le Mouvement québécois pour la paix (MQP) accueille avec réserve la déclaration du Premier ministre Carney sur la reconnaissance de l’État de Palestine par le Canada. Il s’agit d’une avancée diplomatique considérable et d’une véritable victoire pour le mouvement de pression populaire qui ne faiblit pas depuis deux ans et sans lequel cette reconnaissance partielle n’aurait pas eu lieu. Toutefois, plusieurs éléments clés de cette reconnaissance limitée et conditionnelle sont problématiques.
D’abord, cette reconnaissance arrive très tardivement, environ deux ans après le début du génocide à Gaza. De plus, le Premier ministre se limite à évoquer « la participation du gouvernement israélien à la catastrophe humanitaire à Gaza » et « sa constante agression contre Gaza », sans jamais condamner explicitement le génocide. Or, un récent rapport d’une commission d’enquête de l’Organisation des Nations unies conclut sans équivoque que l’État d’Israël porte la responsabilité de ne pas avoir empêché le génocide, d’avoir commis un génocide et de ne pas avoir sanctionné le génocide contre les Palestiniens dans la bande de Gaza.
Ensuite, la reconnaissance ne s’aligne pas pleinement avec les résolutions de l’ONU qui envisagent notamment un État palestinien fondé sur les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale et le droit du retour des réfugiés palestiniens. En omettant de réaffirmer ces principes fondamentaux, le Canada s’écarte du droit international et envoie un message ambigu qui risque de consolider les injustices existantes. Ainsi, le MQP appelle le gouvernement canadien à reconnaître explicitement le génocide en cours et à exiger l’application des résolutions de l’ONU. De plus, le MQP appelle le gouvernement provincial de Legault à reconnaître immédiatement l’État palestinien selon les principes énumérés précédemment et à fermer son bureau à Tel-Aviv. Tant que ces mesures ne seront pas prises, la reconnaissance restera symbolique et par conséquent, insuffisante.
Enfin, le MQP tient à souligner que, dans ce contexte où la mobilisation citoyenne a déjà produit cette avancée concrète démontrant que les partisans pour la paix peuvent disposer d’un rapport de force réel capable de faire plier le gouvernement canadien, et ce malgré les pressions soutenues des États-Unis, nous devons redoubler d’efforts. Élargissons encore et toujours la lutte, particulièrement auprès du monde syndical, et utilisons cette reconnaissance comme tremplin pour exiger encore plus. Le 19 octobre, à 14 h, place du Canada, rejoignez-nous pour la manifestation annuelle du MQP pour la paix et le désarmement. Ensemble, exigeons du gouvernement le retrait du Canada de l’OTAN, un embargo immédiat sur les armes destinées à Israël et un réinvestissement massif des budgets militaires – qui représentant plus de 33 % du budget total de l’État canadien – dans les services publics.